Login

Ravageurs Les forêts et les vergers du Nord-Est menacés par les chenilles

Jeunes feuilles dévorées, bourgeons desséchés : les chenilles qui ont fondu en nombre inhabituel sur les forêts et vergers du Nord-Est exaspèrent les promeneurs et désespèrent les producteurs de fruits.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

"L'augmentation de la population de chenilles est endémique depuis deux ans et fait suite à la canicule de 2003, explique Albert Depierre, technicien sanitaire à l'Office national des forêts (ONF) en Franche-Comté. "La gradation du nombre de chenilles était notable depuis un an et cette année, les conditions météo ont été très favorables : les oeufs pondus au cours de l'hiver ont éclos à la faveur des premières chaleurs, en même temps que les jeunes feuilles dont les chenilles se sont régalées, en Franche-Comté, comme en Lorraine ou en Alsace".

Conséquence : des forêts entières de chênes, charmes, merisiers -les espèces les plus touchées- dont le feuillage est transformé depuis le début du printemps en piteuse dentelle verte par des chenilles "géométrides", non urticantes, présentes en nombre cinq à six fois supérieur aux années passées sur certains secteurs de forêt en Franche-Comté.

Aux "quantités d'appels" de particuliers navrés de voir leurs jardins infestés, l'ONF prône la patience : "les traitements chimiques ne sont pas très appropriés, l'attaque est courte, il vaut mieux compter sur la présence des parasites pour éliminer les chenilles et sur la pluie pour régénérer les feuillages", selon M. Depierre. Une philosophie qui ne console pas de leur "saison fichue en l'air" les producteurs de cerises de Fougerolles (Haute-Saône), distillateurs d'un kirsch très prisé des amateurs.

"La situation est dramatique, c'est du jamais vu de mémoire de producteurs. Personnellement, sur trois hectares de verger plantés de 500 cerisiers, je n'aurai aucun fruit contre 15 à 20 tonnes en temps normal", affirme Bernard Oudot, l'un des 50 bouilleurs de cru de Fougerolles. Pour la coopérative qui rassemble une quarantaine de récoltants, le bilan n'est guère plus brillant : "quelques tonnes cette année, contre 150.000 tonnes habituellement", décrit Nicolas Lemercier, président du syndicat des producteurs de cerise à kirsch de Fougerolles.

"Les stocks de kirsch nous permettent de tenir deux, trois années sans récolte, mais tout le monde craint que les chenilles de cette année préparent les troupes de papillons de l'année prochaine", s'inquiète-t-il. "Le risque à long terme, c'est de voir les arbres s'épuiser. Sur cent pieds de mon verger, une vingtaine présente un aspect sec et semble en passe de mourir", se désole Bernard Oudot.

Si la production de cerise à kirsch ne représente qu'environ 10% du revenu des agriculteurs, "nos jeunes envisageaient justement de replanter des cerisiers, explique M.Oudot, parce qu'il semble y avoir une relance de la demande de kirsch et que le lait et la viande ne rapportent plus assez... Espérons que les chenilles ne vont pas tout gâcher".

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement